Portrait de Stephen Twining. |
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C’est en 1706 que son aïeul Thomas Twining ouvre son épicerie à Londres. Dés le départ il se spécialise dans le café et dans une nouvelle denrée, importée depuis peu, le thé. Ce magasin existe toujours et se trouve à l’adresse suivante : au numéro 216 de la rue nommée «the Strand», dans le quartier des affaires de Londres, pas très loin de la cathédrale St.Paul’s. Depuis l’année 1863 la maison porte fièrement le «Royal Warrant», c'est-à-dire l’agrément comme fournisseur de la couronne Britannique. Les portraits des ancêtres fondateurs ornent les murs de cette boutique ancienne et au fond un petit musée a été aménagé contenant une série de boites à thé ouvragées en argent et d’autres objets de valeur liés au thé.
| Stephen Twining, descendant de Thomas Twining dans la 10e génération, a pris ses fonctions au sein de la société familiale en 1985. Après avoir terminé ses études il fait un tour du monde ; de retour en Angleterre il fait un apprentissage auprès d’un négociant de thé pour apprendre le métier et pour parfaire ses compétences de dégustateur.
Il est mon voisin de table au cours d’un délicieux banquet organisée lors d’un un séminaire sur le thé à Hangzhou, ville de thé célèbre au bord du lac de l’Ouest, dans le Zhejiang, en Chine.
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Il répond volontiers à mes questions. «Dans ma famille nous avons toujours été libres de choisir notre parcours. Mon fils n’a que 17 ans et il a donc le temps de voir si l’étiquette d’être le 11e de notre nom au sein de l’entreprise le tente et lui convient». Pour faire plaisir à ses amis chinois il a reporté de quelques jours son départ pour le Japon et figure donc parmi les conférenciers de ce séminaire sur le thé qui se tient à Hangzhou les 21 et 22 octobre 2011. En annexe se tient une exposition commerciale importante comptant une cinquantaine de producteurs et d’industriels de thé. Soulignant les liens très étroits de la maison Twinings avec la Chine il m’explique que c’est dans ce pays qu’ils se fournissent depuis de très longues années. Ces thés sont ensuite transformés dans leur propre usine, située à Shanghai.
Stephen Twining m’explique que la politique de qualité de la maison a depuis longtemps voulu que c’est leur agent exclusif, avec ses bureaux à Shanghai, donc sur place, qui achète les lots et les récoltes appropriés en fonction des critères de qualité de la maison. Twinings ne possède donc pas de plantations comme Unilever, Finlay’s et d’autres parce qu il ne leur semble pas souhaitable d’avoir des récoltes complètes «sur les bras» et d’être obligés de se défaire des thés ne répondant pas aux exigences de la maison.
| Il me dit qu’il voyage environ 30 jours par an pour visiter à la fois les pays fournisseurs et les marchés consommateurs. La France fait partie de leur meilleurs marchés, puisqu’en 1904 Harvey Twining – 6e génération – s’installe à Paris et y ouvre une filiale en 1910 qui se trouve alors au 76, Bd. Haussmann. Après les péripéties des guerres mondiales c’est en 1975 que Twinings installe une unité de production à Herblay, en région Parisienne.
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Un autre marché important est le Canada, et il se trouve que le patron de Twinings Canada, Ronald Sadler, fait partie de notre groupe. Ravi de rencontrer Stephen Twining en Chine et donc aussi loin de leurs maisons l’un comme l’autre il complète cette interview avec son vécu personnel qui reflète un engagement inconditionnel pour cette marque vieille de 300 ans !! Il y a deux ans il a procédé à une analyse de l’image de la marque au Canada qui est en effet perçue comme «so british» mais avec une touche de trop d’ancien et de dépassé. Il fallait donc rajeunir cette image pour s’éloigner des châtelains de châteaux hantés, dans les brumes et au mobilier trop sombre pour retrouver style, élégance et tradition aux tons plus printaniers. Depuis cette campagne de rajeunissement d’image Ron me dit que les ventes ont bondi et Stephen Twinings le félicite à nouveau pour ce résultat splendide.
Profitant toujours de cette rencontre fortuite j’interroge Stephen Twining sur les thés servis lors du récent mariage royal du Prince William en avril passé. Il me répond alors avec un grand sourire «à l’évidence cela étaient nos thés, puisque nous sommes les fournisseurs de la couronne. Mais de ce fait même nous sommes obligés à respecter une totale discrétion. Je ne peux donc pas vous répondre. J’ai bien régulièrement des contacts avec les chefs de Buckingham Palace, mais je dois absolument rester discret.» Cela se comprend!
| Très recherché comme conférencier international Stephen Twining se voit nommé parmi les 4 meilleurs convives du séminaire de thé de Hangzhou.
Après avoir reçu le trophée c’est avec grand plaisir qu’il accepte de faire «la une» dans les rubriques de la «Nouvelle Presse du Thé».
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