Portrait de Michael J. Bunston. |
A l’époque les industries alimentaires avaient le vent en poupe, les épouses étaient conviées au diner festif qui faisait partie des réunions annuelles. A l’époque smoking et robe longue étaient de rigueur et on pouvait encore parler affaires en tête à tête au cours de ces mondanités. L’arrivée de Mike et de son épouse Linda y avait fait tourner toutes les têtes, leur haute taille et leur élégance attirant tous les regards.
Dans les réunions de travail par contre Mike se faisait remarquer par son amabilité imperturbable ainsi que par sa volonté ferme d’éviter les affrontements et les conflits. Quand on représente un marché aussi colossale que le Royaume Uni, qui consommait en 1993 près de 72% de la consommation de thé de l’Union Européenne à 15, c'est-à-dire plus de 160 000 t de thé on tient pourtant une position de force. Aujourd’hui l’UE compte 27 Etats membres et le Royaume Uni, avec une consommation de 119000t de thé, n’en représente plus que 48%, ce qui reste confortable. Toutefois même en tant que «number one» il n’est pas bon de gérer dans l’isolement et le rôle du RU au sein du Comité Européen du Thé a toujours été à la fois constructif et fédérateur.
Et Mike Bunston a largement contribué à tout ce développement de l’industrie du thé européen, autant comme «gentleman britannique» que comme grand professionnel du thé.
C’est à sa sortie du collège en 1959 que son oncle, directeur des achats de thé dans la grande maison «Lyons Tea», rachetée depuis par l’Indien Tata, le fait entrer pour un stage d’un an chez un des principaux négociants de thé britanniques, la maison Wilson Smithett pour y apprendre tous les métiers du thé à partir de la base. Engagé par la suite il grimpe les échelons au fur et à mesure et devient «partenaire associé» de l’entreprise en 1975. «J’ai travaillé dur et sans beaucoup de relâche ! Il a fallu que je déguste des centaines de tasses tous les jours pendant 5 ans avant que les patrons me demandent pour la première fois mon avis !» Il enchaîne «à l’époque il n’y avait pas de containers, le thé arrivait en caisses et il fallait se rendre sur les docks, tôt tous les matins, pour accompagner les inspecteurs et apprendre le métier». En 1966 après avoir su faire apprécier son travail et son expérience de 6 ans le patron lui demande de se déplacer en Ouganda, pour y gérer 7 plantations, pendant 18 mois. |
En 1970 il visite pour la première fois le Rwanda, dont le paysage d’une grande beauté l’émerveille encore aujourd’hui et où la culture du thé débute seulement vers ces années là. C’est sa société qui représente le gouvernement du Rwanda dans les ventes aux enchères à Londres et il réussit à obtenir des prix inouïs pour ces thés de grande qualité. Après le génocide de 1994 c’est lui à nouveau que l’on envoie sur place pour mettre en route la réhabilitation de l’industrie du thé afin que les cueillettes retrouvent le chemin de la cotation aux enchères de Londres. C’est son engagement de négociant à la bourse du thé de Londres qui lui tient le plus à cœur pendant toutes ces années. Il s’y voit comme une passerelle entre les producteurs et les acheteurs avec l’objectif d’obtenir les prix les plus rémunérateurs pour ces milliers de thés qu’il à dégustés en tant que «taster» pour les évaluer à leur juste valeur. |
Il continue d’assumer son rôle de Chairman de l’International Tea Committee, où son vaste réseau de connaissances et son immense expérience professionnel le rendent pour ainsi dire irremplaçable. Puisqu’il s’agit d’une fonction non rémunérée il demande à ce que cela soit clairement indiqué et le titre est changé en «président honoraire». Régulièrement invité comme conférencier lors de congrès internationaux il cherche à promouvoir la cohésion de l’industrie et son regroupement global au sein de l’ITC. |
N’oublions pas l’activité principale et primaire de l’ITC, qui est la collecte de données complètes et fiables, outil indispensable à toute gestion efficace et à toute prévision solide. Cette compilation se présente sous la forme du «Bulletin Annuel de Statistiques» (voir l’article 1) est c’est le Chief Executive Manuja Peiris qui est chargé de cette tâche.
Avec son enthousiasme habituel Mike clôt notre conversation en me disant «j’aime tous les thés, mais encore plus tous les gens du thé que j’ai rencontré à travers le monde pendant ses 50 ans passés ; me lever à 4 heures pour accompagner une cueillette, tester des centaines de tasses une matinée entière, négocier un prix où conseiller des planteurs, partout je me suis réjouis d’un contact humain direct et d’un partage de savoir faire des deux cotés. I am a lucky man!»