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ZHAO et une "grande feuille" |
Portrait de ZHAO Guojuan. |
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toutes soeurs et cousines |
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une entreprise familiale |
C’est un assez grand espace dans une allée du fond de la China Tea Expo 2011. Plusieurs jeunes femmes officient autour des deux tables installées afin de servir des Pu’er de l’année et aussi des galettes anciennes. Une petite personne au sourire engageant m’invite en anglais de m’installer et ravie de pouvoir communiquer en direct je donne suite aussitôt. En fait ZHAO Guojuan est la chef de l’entreprise qui expose, l’ainée de 4 sœurs, qui s’est entourée de ses sœurs et ses nièces pour gérer le stand lors de ce salon. D’abord elle me montre une feuille de théier vraiment très grande et puis quelques photos des plantations qu’elle exploite.
C’est son grand père ZHAO Wangjiang qui avait acquis, une par une, plusieurs parcelles de théiers anciens en 1926. Situés dans les hautes collines qui bordent la vallée du Mékong cette variété de théiers à très grande feuille semble être réputée depuis la dynastie des Ming. Agriculteur et commerçant le grand père s’est rapidement enrichi et, me dit elle, avait à l’époque joui d’une grande réputation de bienfaiteur dans la région, où il donnait du travail et contribuait à l’amélioration de l’infrastructure des villages. Situé sur la route des caravanes que l’on appelle «l’ancien voie du thé et des chevaux» le village de la famille ZHAO disposait d’un puits célèbre et aussi d’une halte fortifiée pour les caravanes. C’est dans les années 2 000 que la construction de la route nationale n° 214 a contournée cette petite agglomération de villages, entrainant par la suite leur isolation et puis leur abandon par une partie des habitants. Le seul avantage de cette migration des villageois pour aller ailleurs a été une considérable extension des plantations de thé.
Or jadis le transport de la cueillette avait été très laborieuse, à dos de cheval et à dos d’homme, pour rejoindre ensuite seulement des routes carrossables ; aujourd’hui avec les moyens techniques plus performants la récolte peut être véhiculée vers l’usine plus aisément.
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grandes feuilles matures |
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proposées en vrac |
En 1995 après avoir terminé ses études de commerce et de logistique de transport à l’université du Yunnan ZHAO Guojuan décide de rejoindre son père dans l’entreprise familiale. Après quelques années de mise en route elle se sent prête pour innover et pour mettre au point sa propre structure d’usinage de thés ; c’est en 2006 que la «Bingdao Refined Tea Factory» ouvre ses portes à Mengku Village dans le comté de Shuangjiang. NB/ il faut compter environ 4heures de route de Kunming où moins de 2 heures de route de l’aéroport de Lincang pour y aller. Après cette ouverture elle reprend d’abord le stock des thés fabriqués dans l’installation plus ancienne gérée auparavant par son père, ce qui lui permet de commercialiser des galettes de pu’er âgées. Ensuite elle crée toute une nouvelle gamme de thés en fonction d’une approche sélective de parcelles et des saisons de la récolte.
| Valorisant à la fois un exceptionnel patrimoine botanique, avec plusieurs centaines de théiers de plus de 400 ans d’âge, et puis d’une variété à très grandes feuilles, des parcelles à l’exposition climatiques nuancée elle fait aussi des galettes à cueillette exclusive soit du printemps soit de l’automne. Son catalogue liste toute une série de galettes et des pu’er en feuilles, principalement des thés crus, toutefois il y a aussi quelques pu’er cuits.
Puisque ses plantations se trouvent en altitude elle me dit qu’il n’y a pas besoin de traiter et la brochure de présentation fait état d’analyses tout à fait «clean». | |
A-t-elle des clients à l’étranger ? Non, pas encore, toute sa production trouve preneur sur place, et pourtant elle les vend cher ! Elle a déjà gagné de nombreux prix lors des compétitions, où ses thés sont souvent récompensés pour leur qualité gustative, leur caractère particulier et leur terroir d’origine. Pourtant cela lui plairait énormément d’exporter et même d’abord de montrer ses jardins et son usine à des Européens pour connaître leur avis. Pourtant ZHAO ne possède pas d’adresse électronique, elle n’a même pas de fax ; tout se traite par le téléphone de l’usine et son portable ! Elle s’étonne même de mon étonnement, car sa production est petite.
Après plus d’une heure de dégustations je repars avec des échantillons et une très forte envie d’aller la visiter sur place en 2012.