Séminaire à L’Institut du Thé de Nadia Bécaud - Août 2011. |
Le corps du bâtiment avec étable et cave a été transformé et aménagé en un lieu confortable et lumineux avec une grande salle d’enseignement, une salle de méditation, de beaux locaux communs dont une grande cuisine pour l’usage des participants, dont certains peuvent aussi loger sur place. La vue imprenable sur forêts et collines, la haie de bambous qui entoure le jardin et l’alternance de mobilier rustique avec des meubles traditionnels chinois créent une ambiance très particulière qui harmonise en quelque sorte l’Orient et l’Occident. |
Les présentations sont faites lors du diner de notre soirée d’arrivée le dimanche, invités par Nadia et son mari Jun dans leurs «quartiers personnels» où Jun nous a cuisiné un délicieux repas Chinois : nous sommes 7 à participer pour la première fois, les 2 autres pratiquent avec Nadia depuis 2 ans l’une et depuis 8 ans l’autre.
Les 5 matinées seront consacrées à nous familiariser avec les 6 familles de thés, les après-midis à approfondir, à déguster et à apprendre quelques rudiments de l’art du thé.
Diaporamas et films pris par Nadia et son mari Jun au cours de leurs nombreux voyages en Chine illustrent les cours.
Pour commencer nous faisons un tour d’horizon pour comprendre la globalité de la production du thé, saisir les bases de la classification en différentes catégories et puis distinguer les grands thés en les mettant en rapport avec leurs régions d’origine.
Ensuite nous faisons connaissance avec les très grands thés de Chine, principalement cultivés dans le «triangle d’or» au sud du Yang Tse, dans les provinces du Fujian, Zhejiang, Jiangsu et Jiangxi et Anhui.
Notre première dégustation porte sur les grands thés blancs, préparés en Zhong. Nous goûtons à 3 infusions successives d’un Bai Mu Dan : bourgeons + 1,2,3,4 feuilles et d’ un Bai Hao Yin Zhen : bourgeons uniquement, tous deux originaires du sud du Fujian, des thés rares d’une seule cueillette au cours du printemps. Ces thés sont réputés pour leurs propriétés rafraîchissantes et recommandés pour les grandes chaleurs.
Nous découvrons ensuite les grands thés verts, faisant partie des 10 thés célèbres les «Ming Chas» à commencer par le Long Jing qui a été le premier à se faire une réputation en occident et notamment en France à partir de 1980.
Et puis le Anji Baicha, tombé dans l’oubli et redécouvert après la révolution culturelle, un Bi Luo Chun, cueilli sur des grands théiers entourés de jardins fruitiers de néfliers de Chine, pipa, qui lui confèrent sa saveur très particulière, un Tai Ping Hou Kui aux très grandes feuilles et qu’il faut chercher en bateaux dans des plantations au bord d’un grand lac dans le massif du Huang Shan, et puis un Kai Hua Long Ding d’un terroir aux sources de la rivière Qiantang dans le nord ouest du Zhejiang et en dernier un Luan Gua Pian, le seul thé vert pour lequel on attend avec minutie que le bourgeon soit ouvert pour le cueillir.
Nous apprenons les différentes manières de cueillette et de fabrication, propres à chacun de ces grands thés d’origine et qui relèvent d’un artisanat local, traditionnel et souvent très ancien. Tous les thés blancs et verts s’infusent en zhong, à cela 2 exceptions : le LongJing s’infuse dans de grandes verres pour pouvoir admirer l’évolution de ses bourgeons et le Bi Luo Chun s’infuse alors que l’eau chaude est déjà dans le récipient, afin d’éviter que ses minuscules bourgeons duveteux ne soient brisés en leur versant l’eau par dessus.
Nous sommes éblouis et ravis devant cette multitude de thés rares aux multiples raffinements.
Suivent les thés Wulong avec les 4 territoires d’origines : le haut et le bas Fujian, le Guang Dong et Taiwan. Comme pour les thés précédents c’est à nouveau une variété botanique spécifique, un terroir délimité et une certaine manière de fabrication traditionnelle qui confèrent tous ensemble son caractère propre à chacun de ces thés.
Nous dégustons alors des infusions préparées en théière Yixing des Wulong suivants :
un Da Hong Pao du Wuyi Shan, un Rou Gui – ou Cassia – et un Bai Ji Guan, qui font aussi partie des thés célèbres de ce massif rocheux, d’où leur dénomination «thés des rochers».
Ensuite nous dégustons un Anxi Tie Guan Yind’Or du Fujian sud, un Feng Huang Dan Cong des montagnes côtières du Guang Dong et enfin un Wenshan Bao Zhong de Taiwan. Il est tout fait évident pour nous que ces thés se distinguent, au goût en premier et puis visuellement au niveau de la tasse et des feuilles sèches et infusées. Nos carnets se remplissent de notes et les appareils de photos s’activent pour bien mémoriser toute cette richesse.
Nous partons aussi au Japon pour découvrir ses plus célèbres thés verts et comprendre leur manufacture très particulière qui leur confère un goût unique, bien nouveau pour certains d‘entre nous !
Une dégustation d’un Gyokuro et d’un matcha nous les font apprécier selon nos palais !
Le 4e jour nous arrivons au chapitre des «thés noirs», ainsi appelés en occident pour la couleur de leurs feuilles, alors qu’en Chine on les nomme «thés rouges» pour la couleur de leur tasse infusée. Les grands thés noirs de la Chine que sont les thés du Yunnan et le Qimen- Keemun- de la province d’Anhui concourent avec les thés du Darjeeling, dont les plants ont été importés de Chine dans les années 1840. Les autres grands thés noirs de l’Inde, du Kenya et de Ceylan proviennent de théiers de variétés tropicales, qui avaient d’abord été cultivés pour une production de gros volumes et ont seulement depuis peu développé des thés de terroirs aux qualités gustatives spécifiques et de grande qualité. |
Les après-midi nous avons appris le maniement des ustensiles de préparation, puis l’infusion en zhong, pas du tout évident quand nous devons le faire nous même et puis «la cérémonie des lettrés» avec tout un rituel précis, afin de procéder à l’infusion d’un thé vert ou d’un thé wulong pour son invité. Les innombrables cérémonies que j’ai pu voir lors de mes voyages en Chine m’ont toujours paru très belles et harmonieuses, mais là j’ai compris à quel point ces gestes accomplis avec sourire et aisance sont le fruit d’une pratique intense et sur une longue durée ! Plus jamais je ne regarderai ces rituels comme avant!
Pour en savoir plus : www.institut-the-zen.com