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Certaines études scientifiques ont été menées par les Chinois pour établir l’âge de leurs théiers anciens et le résultat des tests au carbone 14 ont donné : 3 200 ans pour les plus vieux. Au Vietnam ce sont des scientifiques Russes qui sont allé examiner ces arbres ; ils ont conclu que c’étaient là les plus anciens théiers du monde, mais les résultats ne sont pas encore publiés. Au Laos on évoque un âge de 400 à 800 ans environ. Il y a donc encore des choses à explorer, mais en attendant le visiteur est en admiration devant ces théiers aux gros troncs et au branchage noueux et pittoresque.
C’est le responsable du projet de réhabilitation de la forêt ancienne de Suoi Giang, Monsieur Lai Thé HUNG, qui m’a amenée la visiter. Egalement en charge de l’application des «Bonnes Pratiques Agricoles» dans la province de Yen Bai dans la région du Taybac, i.e. le nord ouest du Vietnam, il m’a montré toute la documentation préparée par le gouvernement sur cette question importante. |
Le paysage est très beau mais le besoin de prise en charge et de protection en vue d’une future valorisation semble perceptible. Ces théiers sont bien «à grandes feuilles» comme les théiers du Yunnan, la frontière est à deux heures de voiture ! Par contre cette variété de théiers est particulière car au printemps les jeunes pousses sont couvertes d’un assez épais duvet blanc, ce qui a valu le surnom de «thé des neiges» à ces premières cueilletttes. Très recherchés ces thés ont connu un déclin dans les années 1980, suite à la chute des prix, qui avait dissuadé les Hmongs de poursuivre leur récolte et fabrication. C’est depuis environ 10 ans que les prix sont à nouveau rémunérateurs mais alors de nombreux villageois avaient déjà abandonné le ramassage du thé. Il ya toute une restructuration à mener et M.Hung considère donc que c’est un défi considérable. Non seulement il faut faire revivre ces théiers et leur thés très fin, mais il faudra aussi un bon marketing pour les faire connaître en dehors des frontières. Et puis, comment ouvrir un peu cette petite région reculée au tourisme, sans pour autant mettre en péril son équilibre écologique ? Il pense qu’il devra d’abord trouver conseil auprès d’un équipe d’experts pour remettre la forêt en excellent état ; cela devra permettre d’obtenir une récolte plus importante, dont le revenu fera une bonne motivation pour les villageois Hmong les incitant à poursuivre. Ensuite il souhaite aller vers une certification «bio» qui semble tout à fait appropriée pour ces théiers sauvages, qui ne subissent aucun traitement et ont comme seule nourriture le fumier des animaux domestiques des Hmongs, buffles, cochons, volaille.
Je lui parle des nombreuses universités chinoises spécialisées dans le thé, et puis en France du CIRAD, www.cirad.fr et de l’ISTOM, www.istom.fr qui sont spécialisés en cultures tropicales. De plus les étudiants doivent faire des stages et des travaux pratiques à l’étranger, et son projet pourrait en accueillir. Il en prend bonne note.
Avant de repartir nous dégustons ces thés chez la présidente de la Coopérative des Théiers de Suoi Giang ; son mari prépare la tasse et je suis frappée par sa saveur très fraiche, un peu acidulée et d’une grande complexité qui est très proche de celle d’un «sheng puer» de qualité. (voir l’art.2 de ce numéro!) En evoquant nos vignobles AOC en France, il semble évident que l’on devrait mettre en route des démarches afin que ce terroir soit officiellement reconnu comme un «territoire d’appellation d’origine» pour thés exceptionnels. On pourrait aussi solliciter l’UNESCO pour soumettre la candidature pour une reconnaissance de patrimoine mondiale immatériel. |